La Raison

I penned this one quite a few years ago: I was still a lad, neophyte philosopher, slightly wet behind the ears - and educated in French!

"Le calme sert à se connaître; la raison à se reconnaître."
Voilà, pourrait-on dire, ma philosophie de la vie. Cette vie que la raison a toujours guidé, guide encore et guidera toujours! Il est certain que la question la plus pertinente de toutes surgit tôt ou tard à l'esprit de tous; à savoir quoi privilègier dans sa vie pour être certain d'accéder au bonheur total et durable - ou, à tout le moins, le maximum de bonheur auquel l'on peut espérer accéder. Évidemment, nous aspirons tous à pareil bonheur et y avons tous droit, à priori. Mais la question demeure agaçante; désir ou raison - lequel devrait être notre passion? Car choisir l'un ou l'autre entraîne tout un mode de vie totalement différent de celui qu'on aura rejeté... Car il s'agît là, bien sûr, des deux pôles opposés.

Le choix le plus logique à faire - le choix de cet apprenti philosophe-ci d'ailleurs - est de prendre la voie la plus raisonnable et de la suivre sans trop de défaillance le plus longtemps possible! Et, quand défaillance il y aura, car même avec une volonté de fer il y en aura quand même, on se promet de retourner sur "la voie à suivre" de si tôt! Et ce, pour la vie! Elle semble si longue parfois; mais, en vérité, elle est si courte...

Diverses raisons et divers facteurs peuvent nous faire "prendre pour la Raison", au dépit du Désir et de la Passion... Premièrement, la recherche de la stabilité, richesse si précieuse comme il y en a si peu! Stabilité à tous les points de vue et à tous les niveaux: dans notre vie affective autant que professionelle, familiale et sociale. Une telle stabilité uniforme et même universelle ne peut être atteinte que si l'on mène une vie ordonnée, rangée, bien structurée et, surtout, orchestrée de manière à facilité autant le fonctionnel comme la productivité, avec un jugement logique et rationnel de toutes les facettes de la vie.

Deuxièmement, afin que l'on soit sur-estimé par notre entourage - plutôt que sous-estimé - et pour que l'on nous juge, à tout le moins "capables" et compétents, savoir se montrer raisonnable en tous temps peut nous apporter, en plus de la stabilité, le sérieux qui permettra aux autres de, justement, nous prendre au sérieux! La quête de la "sériosité" servira bien le matérialiste tout comme elle servira le spirituel, car "être sérieux" sera le supplément parfait pour tout être qui a de l'ambition - que cette ambition soit pour l'ascension de son nom dans ce monde ou de son âme vers les Cieux! Effectivement, tous ceux qui ont de l'ambition, qui veulent "être quelqu'un" dans cette société trop compétitive en tout qui est la nôtre, ceux-là se doivent de privilègier le rationalisme et ne pas se laisser aller à leurs désirs frivoles, surtout pas en période de formation... Les années de collège et d'université sont dites des périodes "d'expérimentation" - par contre, il y a danger à se laisser aller alors. Les fondations sont les plus importantes de toute édification; et il n'y a pas plus importante édification que notre propre montée professionelle, n'est-ce pas? C'est ce qui est véhiculé dans notre société, en tous les cas... Autrement, toute faiblesse à résister à la "tentation" pourrait fort bien ruiner tous vos projets à long terme...

Malgré tout, "vivre raisonnablement" a quand même son revers de la médaille; car le sérieux d'une personne, si exagéré ou trop poussé, peut vous rendre impopulaire et, pire encore, vous faire rater l'essentiel de la vie. Et si l'ambition est elle aussi exagérée, elle pourrait éventuellement aveugler éthiquement et moralement tout ambitieux du monde matériel, dans le sens qu'il ou elle ne verrait point à quel point il ou elle est rendu et serait par conséquent porté à tout faire afin d'assouvir sa soif de gloire et de pouvoir. L'histoire est riche de cas comme ceux-là, hélas. 

Se prendre pour plus grand que l'on ne l'est; voilà l'erreur à éviter! Autrement, l'ambition ne nous mènera absolument nulle part - ou, en fait, nulle part d'autre qu'à une déchéance morale quasi-irréparable. Sans aller jusque là, néanmoins, ceux d'entre nous qui sont qualifiés de "gens sérieux" ont effectivement tendance à se croire supérieur aux autres; plus disciplinés, plus professionels, supérieurs intellectuellement surtout! Ils ont tendance à pêcher par excès de confiance alors. Ceci, en plus de créer l'animosité des autres envers leur personne, engendre aussi le dédain insultant et condescendant de leur propre part. Ce comportement est à la fois à l'origine du snobisme comme des trois formes les plus malsaines d'associabilité. 
L'associabilité de type dégénéré, souffrant ou même actant pèse énormément sur une communauté urbaine comme la nôtre - autant que le snobisme peut le faire! Même les types d'associabilité productif ou producteur peuvent être perçus comme mal venus... Tout dépendamment de la cause véhiculée, bien sûr... 

Il reste que, malgré ces quelques défauts ou dangers potentiels au passage, choisir la raison en lieu et en remplacement du désir furtif et éphèmère demeure la voie sensée et logique à prendre... Ne serait-ce seulement que pour la stabilité, tant mentale qu'économique, qu'elle nous apportera avec le temps!

Qu'ajouter de plus? Non, mais, honnêtement; ne désirons-nous tous pas la même chose? Une vie stable du début à la fin, pleine de tranquilité et de sérénité, sans problèmes qui fussent dignes de mention... N'est-il pas pure logique de choisir d'être sage comme une image, tant au travail que dans sa vie privée, ce qui évitera ainsi toute semblance de problématique dans nos vies? Il est évident qu'il faut savoir jongler avec tout cela; un petit peu d'ambition par ci, un tantinet d'inspiration par là... Ne pas mêler les choses est une clé des plus importantes: car l'on a bien vu, historiquement encore une fois, où un semblant de logique dite impeccable mêlée à une imagination fertile, à une ambition démesurée et aux rêves les plus fous a mené un certain chancelier né près de Hister...

Ceci dit, je suis convaincu que c'est en menant une vie rangée que l'on peut vraiment nager dans le parfait bonheur. La stabilité engendre le bonheur; il ne peut en être autrement. On ne peu qu'être récompensés lorsque l'on sait se montrer sages. Et, pourtant, nombre de cas repertoriés partout dans le monde occidental nous laissent perplexes quelques fois; nombre de travailleurs et de professionels qui ont atteint ce niveau de stabilité et de succès tant convoité, plaquent tout. Ils lâchent tout, n'ayant pas connu ce fameux bonheur malgré leurs nombreux efforts en ce sens; tant au niveau conjugal que social ou professionel. On peut avoir gagné le monde parfois - et ne pas se sentir heureux malgré cela! On peut se demander alors "quel est-il donc, le véritable secret du vrai bonheur" - du Bonheur avec un grand B? Et, logiquement comme raisonnablement, la conclusion est simple: la meilleure des ambitions à avoir demeure encore celle de rendre son âme la plus parfaite possible. Peaufiner ce qui nous a été donné; rendre tout son éclat à ce diamant à l'état brut qu'est l'âme humaine.