Que le printemps revienneA Story by Hayet
PROLOGUE Il enfile un jean et avale en douceur la boisson enfantine. Il sort dans la rue à 4h30 du matin. Tous les jours, le rituel se répète sans que Austin y échappe. Une écharpe lui colle au visage pour éviter que le froid ne le rende malade. Ce travail, il l'attendait depuis presque cinq ans. Ses enfants aussi. L'activité est pénible. Elle le tourmente. Il en souffre. Il a souvent peur que la machine à broyer le papier ne l'emporte.Sa main surtout. Les équipes font les trois huit pour fabriquer du papier destiné à l'emballage.
Sa fille de onze ans l'a bien compris. Le vent a tourné. Ses parents ont rendez-vous chez l'opticien. Il enverra un chèque pour qu'elle ait les mêmes lunettes que sa copine Laurène. La télévision a été remplacée.
Austin ne dort jamais une nuit entière. Il attend que tout le monde soit couché, que le bruit cesse vers 23H00 pour enfin fermer les paupières. Avant cela, il coupe le gaz. Orlane le sait bien. Elle l'entend aussi verrouiller la porte et rabattre les volets. Si sa mère oublie de le faire, il y pensera. Quoiqu'il advienne.
A 14H00, il arrive juste avant que les enfants ne retournent à l'école. Quand il embrasse Orlane, il sent toujours un peu le fromage. Un petit bout de pain fourré à l'emmental dépasse de sa parka vert bouteille. C'est toujours le même sandwich enveloppé de cellophane qui dépasse de la sa poche. Souvent, Orlane ne mange pas les légumes du repas de midi. Elle demande alors un peu du repas de son père. Il lui donne sa part de dinde.
Austin dort deux heures l'après-midi puis va chercher la cadette Véronika à la sortie des classes de 16h30. Tout le monde pense qu'Austin est le grand-père de la petite. Quand la petite soeur d'Orlane l'embrasse devant sa maîtresse, tout le monde est surpris. Elle, est fière: c'est le seul papa présent pour la sortie des classes.
Commencent les heures perdues entre Nutella, devoirs, sèche-cheveux, cris, Canson, dessins, feutres, poupées, TF1, larmes, doudous, Colgate, amis imaginaires, Pimprenelle, câlins et pleurs. Vers 21h, Austin pose une couverture sur sa tête et commence sa nuit. Il se relèvera pour coucher la dernière, endormie devant la télévision. Peu avant minuit, il lui reste quatre heures de repos avant de se lever pour aller préparer la pâte à papier.
EPILOGUE A l'aube, quand il franchira la porte, ses enfants dormiront encore. Il marchera. Encore. Toujours. Sur sa route, la rosée accompagnera ses pas.Tant de fois, il avait crié en silence. Tant de fois, il avait levé les yeux au ciel. Tant de fois, il avait espéré que le printemps revienne.
© 2016 Hayet |
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Added on February 5, 2016 Last Updated on August 9, 2016 AuthorHayetFranceAbout"Fleurt avec le réel" is a collection of 36 texts written in french. Fragments are independant from each other. Can be read in any order. "Fleurt avec le réel" est un recueil de 36 te.. more..Writing
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