Fleurt avec le verre

Hier, j'aurais voulu te revoir. En quittant le bureau, j'aurais voulu devenir myope de ces dernières heures. Pour autant, demain ne m'intéresse pas non plus. Alors, pousse-le lui aussi. Reste! Attarde-toi! Veille à mes cotés et caressons la bouteille. Enivre-moi de blanc ou de rosé. Hier n'embrassera plus demain. Ce soir sera oublié. J'enlève mes lunettes. Je te rejoins.

Goutte à goutte, éloigne ce matin! Loin. Rejette les lueurs du jour, la tasse de cappuccino et l'allongé après la réunion avec la crétine de Geneviève. Si Michael ose évoquer le déjeuner manqué avec la nouvelle voisine: balance-lui une de tes coupes. Fais exploser les bulles et arrache-lui les tripes jusqu'à revenir à l'aube: à hier. Repousse tous les soldats. Ouvre les bouteilles et étouffe-les avec leurs bouchons. Ordonne! Exige! Fort. Vite. Explose les barrières. Fais qu'un jour, un seul m'appartienne enfin.

Avant que je ne meurs, débrouille-toi pour que ma vie frôle l'Apocalypse. Qu'elle m'emporte! Je paierai, cotiserai ou crowfunderai si un seul instant, un seul, tu m'arraches à mes gourous, mes bourreaux. Saoule-moi, bourre-moi la gueule. Enivrons-nous jusqu'à pas d'heure. Effaçons les aiguilles. Au danger! N'appelle-pas les secours! Laisse-moi tenter le sort.

Si par malheur je résiste:  abandonne-moi. Ramène-moi aux heures.

Non! Non! Le voilà: l'autre. Il nous suit. Après. Toujours. Le guet. Le vois-tu? Il rôde. A ta gauche. A ta  droite. Il se faufile. Continue. Coule dans ma bouche et ma gorge.Fort. Vite. Envahis l'intérieur. Chasse-le. Bats-toi. Bon Dieu! Sois-un homme.

Après cela, je rendrai les armes. Tu pourras me ramener et me rendre à temps. A nouveau, j'hésiterai, je frôlerai. Jamais plus je ne verrai ou ne vivrai.