Amis imaginaires

PROLOGUE

Mis à  part eux, personne ne sait tous les malheurs que j'ai vécus. Les chocs de mon coeur et de ma tête: eux seuls s'en souviennent.

      

Oh! Mon Dieu! Quand l'inflammation surgit tous les mois dans ma vie de femme: je le vénère et je l'idole. L'anti-inflammatoire me secoure. Oh Lord! Mon nouveau propriétaire oublie quelques secondes que je n'ai pas de garant et me signe le bail qui me permettra de retrouver un chez moi. Je l'embrasse sur les pieds. Oh! Mon Sauveur! Ma soeur n'oublie pas de me rappeler que le passé doit rester à sa place. Elle abrite les possibles. Oh! Ma Déesse! Elle décrit son accouchement comme un film d'horreur pour une fraction de seconde plus tard clamer qu'il vaut la peine de se lancer dans la maternité. Oh! Ma Reine! Cette ville du sud danse et boit souvent. Les yeux fermés: je suis là-bas. Je participe aux parades, je marche dans la rue et je laisse le bon temps rouler.  Oh! Ma Fleur de Lys!

Oh Misérable! Il m'offre une hospitalité démesurée pour m'en demander des tonnes par la suite. Oh! Personnage! Il porte un pull en cachemire et l'allure d'un félin. Oh! Vilain.   Il est enrobé de sucre et surtout d'édulcorants. Il brise mon estomac. Il rempli mon sac et mes placards. Oh! Tentateur! Il me dit que je suis la seule.  Il part sans explications. Oh! Diable! Elle se tourne les pouces et  me vole mon travail pour poser son nom dessus.  Oh! Vacuité!

Oh Providence! Mon mec, la tête dans le guidon, me prépare un café pour m'aider à commencer ma journée de dix heures. Oh! My Lord! La chanteuse sort un tube très commercial qui me fait danser en plein Champs de Mars. Oh! Mon Idole! Il me fait penser à un autre: placé là, dans cette phrase, dans ce groupe nominal, à coté de cet adjectif. Il me donne le plaisir que personne ne devinera jamais. Oh! Mon Verbe! Mon papa me voit dans la rue et me court après avec ses soixante dix ans dans les pattes pour venir m'embrasser. Oh! Mon Père!

EPILOGUE

Sur mon visage, personne ne se doute qu'ils peuplent mes croyances. Je les chéris, je les flatte et les remercie souvent. Je les aime une fraction de seconde, une heure, un jour, une nuit, toute la vie et même au-delà.