Calendrier noir

PROLOGUE

Deux jours après, à ses élèves de neuf ans, elle aurait juste voulu rétorquer : J'espère que vous avez passé un bon week-end. Et maintenant, on passe aux maths.

Ce vendredi soir, Aline a prévu d'aller boire des coups pour découvrir un peu plus la capitale. Rentrée à la maison, elle s'allonge sur son canapé. Contrariée, elle pense à lui qui n'est pas là pour rechauffer le lit deux places fraîchement acheté au Conforama du quartier. Alors, encore habillée, elle sent le sommeil l'appeler. Avant, elle saisit sa tablette pour annuler le rendez-vous avec ses amis. Elle aperçoit une photo de la capitale postée par une amie canadienne. Mélancolique, Aline se couche avec un masque de nuit et des boules Quies se sentant chanceuse de vivre près de Paris.

En ce samedi matin,  novembre de brume a inondé la capitale. Engourdie, elle se lève tôt pour préparer ses cours de la semaine. Depuis longtemps, elle n'écoute plus la radio et a jeté sa télévision excédée par l'anxiété générée par les chaînes d'informations. Elle se connecte à Google: le petit ruban noir lui fait pressentir le pire. Encore ! Elle lit que les hélicoptères ont longtemps tourné au-dessus de sa tête la nuit précédente.

#aux abords du Stade de France #accablement

#rue Alibert #effroi

#rue de la Fontaine-au-Roi #stupeur

#rue de Charonne #effarement

#boulevard Voltaire #hébétude

#Le Bataclan #horreur

Pâle, le président n'a pas fait d'humour cette fois. Il avait pris la parole alors que des forces de l'ordre étaient encore en intervention dans la salle de spectacle.  Sur la vidéo  You Tube suivante, elle aperçoit les vautours prêts à verser la dissension.

Dimanche#Soir# Chez moi# Sans voix.

Elle finit par rouvrir les yeux. 11 septembre, 7 janvier ... et maintenant 13 novembre : elle enregistre encore une nouvelle date sur le calendrier noir de sa génération.

EPILOGUE

Lundi matin à 8h00 elle arrive  encore sidérée devant l'école. Dans quelques minutes une vingtaine d'enfants allait l'assaillir de questions. Encore ! Encore une fois, dans la même année, elle allait devoir expliquer à des gamins comment des hommes et femmes étaient morts pour avoir voulu vivre.