Les haricots sont pas salés

PROLOGUE

-Maman?

-Ouais?

-La voisine pense que c'est le gars du sixième qui lui a piqué le fric!

-Bein alors? Laisse-la croire ce qu'elle veut. De toute manière, on a pratiquement tout claqué.

-Vous en avez fait quoi?

-C'est pas tes affaires!

-T'aurais pas du lui prendre, à elle. Elle est vieille.  Mais c'est ma pote quand même!

-Lave ta culotte avant de vouloir laver celle des autres!

-Le braque pas comme ça! On dirait une agrafeuse entre-ouverte.

-C'est ça, quelle bonne idée!

-Attends qu'est-ce que tu racontes?

-Une agrafeuse, ce sera plus crédible que ce pistolet en plastique.

-Jamais de la vie.

-Je te dis que si. J'ai plus qu'à en trouver une en métal.

-T'es cinglée.

-C'est ce que me disait ma mère quand j'étais petite: tu, loca, loca.

-Et tu lui répondais?

-Como tu, loca, loca

-Tu délires, il les a sans doute claqué tes économies. Je les connais bien ces gens.

-T'en sais quoi, toi?

-Si je te le dis, c'est que je sais.

-Tu vis avec lui? Tu dors avec lui?

-Non.

-Tu couches avec lui, peut-être?

-Si je dors pas avec, bein je couche pas non plus ! Euh?

-Ah bein si! C'est possible! T'es pas obligé de passer la nuit avec!

-Là, tu débloques complètement. T'as viré guedin!

-Viré quoi? Guedin? Je te demandes ce que tu fais avec tes fesses?

-Tu deviens vulgaire.

-Et toi, collante.

-Donnes-moi une gitane.

-Tu sais que tu peux te retrouver en taule pour ça?

-En quoi?

-Chez les flics, euh!

-La cabane! Mais c'est qu'une agrafeuse!

-Même!

-Même quoi? Je veux juste qu'il me rende mon fric!

-T'as qu'à pas laisser traîner tes "boîtes de Nescafé" bourrées d'euros n'importe où.

-Dans ma chambre à coucher, c'est pas n'importe où.

-T'as qu'à pas laisser traîner n'importe qui dans ta chambre à coucher alors!

-Lave ta culotte avant de vouloir laver celle des autres!

-Débrouilles-toi toute seule, la psychopathe!

-Bon vent, la cinglée.

EPILOGUE

Dire que j'ai même assez de sous pour saler mes haricots! Je laisserai pas cette crapule partir avec mon fric  furent les  dernières paroles que prononça la vieille dame avant d'être embarquée par la police. Les enquêteurs lui reprochèrent d'avoir frappé son voisin à l'aide d'un objet contondant.