Toison

PROLOGUE

Le rituel avait lieu avant chaque rendez-vous avec son amoureux. A l'aide d'une brosse à poil doux, elle promenait de gauche à droite puis de haut en bas répétant le geste plusieurs fois. Toujours le même rituel lent et régulier jusqu'à ce que les petites boucles se rangent les unes sur les autres et forment un jolie petit triangle.

Avant, la d****e ressemblait à un sprint: Laura économisait l'eau, le shampoing, le savon, la lumière et le chauffage de la pièce. Cinq minutes suffisait à la rafraîchir.

Puis, elle rencontra Max.

-Je te lave les cheveux.

Elle saisit la chevelure de son copain et frotte brusquement de gauche à droite puis de haut en bas.

-Pas si fort!

Encore la tête pleine de mousse, il saisit sa copine par la taille et l'assied en face à lui. Il lui tend un gant de toilette et l'invite à cacher ses yeux. La chignon de la demoiselle entre les mains. Il saisit un seau rempli d'eau tiède et la verse délicatement sur la crinière.

-Pas trop chaud?

La demoiselle lâche son bras de la chaise. Il verse un peu de shampoing dans la paume de sa main, l'étale et le mélange à un peu d'eau. Alors, il plonge délicatement la pulpe de ses doigts dans la chevelure brune. Les doigts de ses deux mains sont écartés sur la zone du front. Il presse sur la peau avec un petit mouvement de va et vient. Ses doigts bougent à peine. Laura sent que son cuir chevelu bouge. Il répète l'opération en augmentant la pression. Elle sent alors une chaleur se diffuser sur ses cheveux. Il continue sur le dessus de la tête, les oreilles et finit par la nuque. Ils sont déjà dans la salle de bain depuis quinze minutes. Quand la jolie brune découvre le temps écoulé, elle serre les dents. L'anxiété monte mais il fait si chaud là-haut sur sa tête qu'elle tourne la tête à l'horloge. Pour autant, elle se précipite pour éteindre la lumière. Max allume une bougie puis un feu.

Chaque semaine, les amants prennent ensemble goût au rituel de la toilette. En forme et détendue, Laura devient de plus en plus coquette. Ses factures d'eau et d'électricité n'augmentent pas car elles sont mensualisées. Pour autant, elle avait éludé l'idée d'un rappel de charges tant le plaisir lui allégeait l'esprit. Debout et dénudée, elle entre dans la baignoire remplie de trente centimètres d'eau. Ses cheveux sentent le Dop à la fleur d'oranger. Assis sur une chaise face à elle, il saisit un gant de toilette. Il l'humidifie avec de l'eau tiède, frotte doucement le carré éponge sur la toison triangulaire, la rince et l'essuie avec une serviette. La débarbouillette gît sur la bord de la baignoire laissée là par les amoureux partis s'allonger dans la chambre.

EPILOGUE

L'automne s'est greffé sur le calendrier. Pour autant, de la chambre émane encore un parfum d'orange. Il la voit se précipiter avec un joli petit peigne vers la salle de bain.

-Viens-là, t'es jolie comme ça.

-Non, c'...

-T'as pas besoin de te recoiffer.

-Mais non, c'est pas p...

-C'est très bien.

-C'est ... pas pour mes cheveux.