Joyeux anniversaire.A Story by Aya SouayhDizdizzi Jinoppi aaah Jinoppi Dizdizzi.
J'avais neuf ans quand tu nous as quitté.
Ça fait presque neuf ans que tu es parti et pour mon plus grand émerveillement, ça fait encore mal. Ça me noue encore la gorge et les poumons. L'événement de ta mort a tout pulvériser en moi, fillette innocente de neuf ans. Le plus douloureux pour moi n'a pas été de te perdre, mais de renoncer à l'espoir fou que tu reviendrais. Car, plusieurs mois, années même, après ton départ, cet espoir resurgissait, tenace, obsèdent, impérieux par instants, parfois léger comme un mirage, d'autres fois lourd et pesant comme un ciel d'orage. Combien de pincements, de serrements aigus, d'étreintes noirs et étouffantes m'ont saisi depuis que tu nous as quitté! Le 30 Novembre, ils nous ont dit que tu ne survivra pas encore plus que six mois. J'ai pas eu le privilège de savoir ça, bien sur; maman me l'avait dit plusieurs années après. Ça n'empêche pas que pendant les derniers mois qui précédaient ta mort, j'ai vu la lumière dans tes yeux s'éteindre petit à petit, tu as perdu trop de poids, t'as perdu presque toute ta chevelure noire et ta couleur de peau devint mauvâtre. Tout ces signes étaient suffisants pour moi, petite fille fragile de neuf ans, de pressentir que je te perdais, papa, mon sauveteur, et je ne voulais pas le croire. Et puis un jour, on me réveille à trois heures du matin et on me dit que tu as beau souffert mais tu es enfin en paix et tu ne souffrirais plus. Mais voyons là, neuf ans plus tard, c'est moi, ta fillette bien aimée, bien gâtée, qui souffres encore plus intensément que le premier jour. Ta perte me marquera pour l'éternité. Mon cerveau ne peut pas comprendre que tu as disparu pour toujours. Et toujours c'est quoi, bon sang? C'est un concept inhumain. Je veux dire que c'est au-delà de notre capacité d'entendement. Mais comment ça, je ne vais plus jamais te revoir? Ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain, ni dans dix ans? Tu ne seras pas là le jour du résultat du baccalauréat et tu ne seras pas là pour mon départ au faculté. Tu n'assisterais pas à ma soutenance. Tu ne porterais pas mon premier bébé et tu ne lui chanterais pas "Dizdizzi Jinoppi". C'est une réalité inconcevable que l'esprit rejette, ne plus te revoir est une mauvaise blague, une idée ridicule. Neuf ans plus tard et j'ai encore l'idée absurde que tout cela est une blague et que tu vas rentrer. Tu sais, ce que rend cela encore plus suffoquant, c'est le fait que, là, on ne parle plus de toi. Tu es un sujet à éviter. Ils sont tous encore déprimés alors j'essaye de paraître la plus forte. Mais non, papa, je ne suis ni stable, ni incassable, moi. Je n'étais pas faite à chaux et à sable. J'étouffe des sanglots et j'ai la vision flou, ça me déchire mais ils ne doivent pas savoir. Si tu étais en vie, tu auras eu cinquante sept ans aujourd'hui. Je t'aime encore. © 2016 Aya Souayh |
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Added on November 29, 2016 Last Updated on November 30, 2016 Author
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