Les deux premiers jours

  -Jour 1-

C’est presque le  temps de commencer le rituel qui doit rendre ma mort un acte de justice et non de crime. Les geôliers comprennent bien que cette petite île n’est que pure discrimination et tyrannie, mais ils croient faire une faveur à Dieu en se débarrassant des « humains corrompus ». La loi de ce monde est assez simple. Tu dois respecter le mode de vie et les croyances de ce dudit peuple, car sinon tu es proclamé fou et mort aux yeux de tous. Ma mémoire me fait peut-être défaut, mais je pense m’être fait amener ici à la place d’un autre, mais presque personne ne me croyait, sauf mes proches. Je sais qu’il ne faut pas trop tarder sur le passé, mais  je n’arrive pas à croire que  ma vie  finira bientôt ainsi.  Je sais que c’est un grand honneur d’être choisie pour cette cérémonie, mais je n’ai que quatorze ans. J’ai encore des exploits à accomplir. Je dois m’occuper de ma famille, trouver ce que je veux faire de ma vie et puis… je dois te dire que je t’aime une dernière fois et finir cette bataille inutile entre nous. Tu es la raison que j’écris ce livre en espérant que tu le trouveras. Pour l’instant, il fait trop sombre pour continuer d’écrire, même si mon c�"ur est languissant et veux te parler. Mon esprit agira comme un réveil matin pour que je puisse me lever proche de l’aube, afin de te faire plus de confidences au sujet du mystère qui règne sur ce lieu fatal et ma vie douteuse.

-Jour 2-

 Je te souhaite un bon matin mon amour, mais pour moi, s’en est une horrible. Avant de te raconter toute cette histoire folle, au cas où d’autres liront mon journal avec toi, je me présente. Je m’appelle Ruby Ravell et je suis enfermé dans cette immense prison avec mon amie Zelda Auclair. En fait, aujourd’hui, est supposé être le jour de mon exécution. Cela fait une semaine que nous sommes ici, cependant c’est le premier jour que nous sommes complètement seules. À notre réveil, il n’y avait personne. Aucun soldat et aucun autre prisonnier. Seulement du pain, un pichet d’eau, Zelda et moi, Ruby. Il me semble que la prison a changé… mais je n’arrive pas à distinguer la différence. Prise par un soudain vertige et de confusion, j’ai regardé Zelda qui regardait au loin, comme si elle se perdait dans son propre monde. Elle non plus ne comprenait pas ce qui se passait. Je connaissais bien ce regard, après tout, c’est ma meilleure amie depuis le primaire. Elle ne supportait pas que je me fasse enfermer ici injustement et m’avait donc suivi à ses propres périls. Oui, ma meilleure amie… ma seule amie en ce moment.     

« Ruby, il faut trouver une sortie et nous enfuir pendant       qu’il est encore temps. Je sens que le danger est proéminent dans cet endroit macabre, me fit remarquer celle-ci.             

-Pour quelle raison devons-nous nous dépêcher? Il ne semble avoir personne pour nous arrêter ici.

-N’oublie pas que nous n’avons pas assez de nourriture et d’eau pour nous durer même une semaine. De plus, ne trouves-tu pas cela un peu inhabituel qu’il n’y a personne ici excluant nous? N’as-tu aucune inquiétude envers la solitude à laquelle nous faisons face?

-…Tu suggères peut-être qu’un astre quelconque rode dans les parages?

-Je ne crois pas dans le paranormal, tout comme toi. »

Bien sûr, je savais bien que nous ne devions pas tarder trop dans cet enfer, mais la question était comment. Il était assez tôt alors nous avions assez de temps pour trouver un moyen pour nous enfuir de notre cellule. De plus, chaque cellule vient avec deux lampes à l’huile par personne (il y a deux à dix personnes par cellule) et il y avait un nombre quasiment infini de prisonniers, donc trouver une source de lumière la nuit n’était pas un problème. Soudainement, Zelda demanda d’avoir mon attention.

« Regarde, il y a une note écrit sur un morceau de bois collé au mur. »

En m’approchant, je pouvais voir un message dans une écriture dépêchée: « Tu viens de te réveiller, mais il faut absolument que tu t’enfuisses maintenant avant que la folie te rattrape, comme pour les autres. Je m’enfuie en ce moment, moi aussi, laissant ces notes pour toi. Regarde près du coin de ta cellule, il y a une cave en dessous d’une des pierres plates du plancher.» Signée Arielle. En effet, un long tunnel sombre et étroit avec des torches sur les murs s’étirait longuement en dessous du plancher. Prenant notre courage entre les mains, Zelda et moi descendions dans la pièce en prenant soin de ne pas oublier les allumettes. En avançant dans le tunnel et en allumant les torches avec une torche prématurément allumé, nous réalisions qu’il y avait quelques notes de la mystérieuse Arielle tout au long du chemin qui nous semblait interminable. Les notes nous expliquaient en gros plan qui Arielle était. Selon ses messages, elle semblerait avoir vingt ans et ne savait pas trop pourquoi elle se retrouvait dans cette prison. Elle s’était retrouvée ici quand elle s’est réveillée un jour. Elle essayait toujours de s’enfuir et maintenant était le temps parfait. Par contre, elle était trop vague dans ses phrases pour que l’on puisse comprendre quelle était la raison qu’il n’y avait que nous sur cette île, mais elle nous raconta qu’il y avait probablement une ou deux personnes encore dans la prison ou dans les extrémités de l’île. Enfin, elle nous dit qu’il y avait un coffre un peu plus loin qui contenait de la nourriture, des bouteilles d’eau, des couvertures et un large sac à dos qui pouvait rouler sur le sol grâce à ses roues. Malheureusement, son ‘’un peu plus loin’’ prenait plusieurs heures de marche souterraine et quand nous sommes arrivés à la fin du tunnel (où était le coffre) il était probablement tard le soir. Nous étions fatiguées et affamées, donc nous décidions de manger et de dormir afin d’avoir de la force pour affronter les dangers du prochain jour.