Cotylédon

En quoi m'aviez vous convertie,
Vous, croyant m'étouffer en m'enterrant...
Vous, qui me fixiez de vos yeux pervers,
Voulant sous tous prétextes, m'user et m'abuser,
Vous, qui me touchiez, non pas avec les mains...

En quoi m'aviez vous reconstruite,
Vous, croyant m'étouffer en m'enterrant...
Vous, qui m'aviez arraché mon enfance par mes fins cheveux,
Souhaitant de tout coeur que je périsse toute en respirant,
Vous, qui m'avez tatouée de bleus dans l'âme...

Hélas! Ce, dont vous ignorez, vous m'avez certes enterrée,
Je me suis retrouvée dans l'obscurité avec mon amie, la solitude.

Mais en réalité, j'ai été plantée,
Car, voyez-vous, je suis une graine qui,
Sortant de cette terre, fera de ses racines, sa force
Et qui s'arrosant sous la pluie et se séchant au soleil,
Sera l'arbre qui verra vos rejetons jouir d'une enfance,

Que je n'ai point eue.